Interview de coach agile : Pascale POTHIN

« Je me perçois comme quelqu’un en support pour aider les collaborateurs à travailler plus efficacement tout en conservant leur envie, leur motivation, leur bonne humeur, … » — Pascale POTHIN

Bonjour Pascale, pour commencer, pourrais-tu nous parler de toi et de ton métier ?

Bonjour Martial, je m’appelle Pascale POTHIN. Pascale avec un « e », je le précise car il est souvent perdu dans les mails quand on s’adresse à moi.

Je suis une femme, maman de 2 enfants, travaillant dans l’informatique depuis 30 ans maintenant. Jusqu’à l’année dernière, j’ai effectué toute ma carrière en tant que consultante je suis donc intervenue pour des entreprises et des équipes variées.

En ce qui concerne mon métier, j’ai plus de mal à le définir. Si on regarde sur ma fiche de poste, je suis « Responsable Transformation et Agilité ». Si je demande à mes enfants, ils pourraient répondre pour se moquer : « joueuse de Lego » (et c’est vrai j’adore les Lego en support d’atelier). Le plus souvent j’indique : « Coach Agile ». Mais je n’aime pas cette réponse, je la trouve à la fois vague et restrictive. Je me perçois comme quelqu’un en support pour aider les collaborateurs à travailler plus efficacement tout en conservant leur envie, leur motivation, leur bonne humeur…
On passe la plus grande partie de notre journée au travail, je trouve dommage d’y souffrir ou de s’y ennuyer.

Alors, oui, je peux dire que je suis experte en Agilité mais aussi Lean et méthodes de gestion de projet en cycle en V (comme CMMI) … Pleins d’astuces donc pour aider les équipes à prendre du recul, s’interroger et s’améliorer.
Mon métier est de mettre un peu d’huile dans les rouages en posant les bonnes questions, en formant ou en prodiguant des conseils.

Qu’est-ce qui t’a motivé à devenir coach agile ?

Tout s’est fait un peu naturellement. Je pense que j’ai toujours eu cette posture de retrait, cette envie d’aider les autres par mon expérience. J’ai découvert il y a 10 ans qu’un nouveau métier correspondait à ce que j’aimais faire : le coaching Agile.
J’aime aider les autres. Pour l’instant cela s’appelle être coach Agile car l’agilité a le vent en poupe.  Cela aura sans doute un autre nom dans quelques années.

Comment as-tu découvert l’approche agile ?

Complètement par hasard mais la vie n’est-elle pas faite de hasards, ou plutôt d’opportunités ?

Il y a 10 ans environ, on m’a proposé de devenir cheffe d’un projet au forfait dont l’équipe devait travailler en « mode agile », dixit le client. Je ne savais pas ce qu’était l’agilité, je me suis renseignée, je me suis formée. J’ai aimé ce que j’ai découvert. Je me suis d’abord attachée à la mise en place des techniques. Je pense que c’est le démarrage de toute découverte, le savoir-faire. Mais surtout j’ai été emballée par le savoir-être, l’état d’esprit mis en avant par l’agilité.

Je savais depuis le démarrage de cette mission que tout ne serait pas parfait. Officiellement l’équipe devrait travailler en Scrum. Cela n’a pas été le cas mais ce n’est pas grave. L’agilité est juste un moyen de répondre à des enjeux. Mon objectif à moi était de créer une équipe contente de travailler ensemble, fière de livrer un produit amélioré et enrichi régulièrement en nouvelles fonctionnalités, pour un client content et satisfait et en faisant en sorte que tout le monde se passe de moi.

Cela a été le cas. Tout n’a pas été simple (normal !) mais l’équipe et les clients étaient vraiment au top. Notre contrat a été renouvelé, ce qui fait que même mes managers étaient satisfaits.

Cela a été une très bonne 1^ère expérience. J’ai beaucoup appris.

« Ce qui est important c’est l’humain. » — Pascale POTHIN

Quels enseignements de l’agile ont été les plus marquants pour toi ?

Ce qui est important c’est l’humain. Cela peut paraître bateau mais dans mes expériences je me suis aperçue que même si tout le monde en est convaincu on a tendance parfois à l’oublier dans le « feu de l’action ».

Un autre enseignement est que tout est toujours source d’apprentissage et d’amélioration. Et pour finir, le plus important pour être performant et efficace, c’est de travailler en y prenant du plaisir.

En fait je ne sais pas si ce sont des enseignements de l’agile, ce sont mes convictions qui je pense sont partagées par les agilistes.

Pour nos lecteurs qui veulent se lancer dans l’Agile, par où ou par quoi leur conseillerais-tu de commencer ?

Je n’ai pas de recette. Chacun est unique.

Ce qui a marché et marche toujours pour moi : la lecture pour découvrir, la formation pour avoir la théorie, les retours d’expérience des plus expérimentés, l’observation de ceux qui le vivent, le partage et les échanges avec mes pairs… Je me dis que j’ai encore tellement de choses à apprendre grâce aux autres. Rester humble et curieuse encore et encore.

Raconte-nous une anecdote ou une transformation agile qui t’a marquée ?

Compliquée cette question… J’ai eu des bonnes et des moins bonnes expériences. Mais comme je suis très optimiste, au final, je ne retiens que le bon côté. La transformation la plus marquante est finalement toujours celle sur laquelle je travaille au présent.

« Je vais jouer à la Miss France 😉 : je souhaiterais plus de respect et d’empathie, plus de « nous » et moins de « je ». » — Pascale POTHIN

Si tu avais une baguette magique pour changer le monde de l’entreprise, par quoi commencerais-tu ?

Si j’avais une baguette magique, ce n’est pas vraiment le monde de l’entreprise que je changerais. Je vais plutôt jouer à la Miss France 😉 : je souhaiterais plus de respect et d’empathie, plus de « nous » et moins de « je ».

Quel conseil donnerais-tu à une organisation qui veut devenir agile ?

Devenir Agile n’est pas un objectif en soi. L’agilité est un moyen pour … atteindre des objectifs qu’il faut identifier.
Rien n’est magique, se transformer prend du temps. Une fois démarrée une transformation agile est perpétuelle.

Enfin le dernier conseil : faites confiance à vos équipes vous serez agréablement surpris par les résultats !

D’un point de vue culturel et organisationnel, quels sont pour toi les prochains défis des entreprises ?

Le contexte COVID-19 avec les confinements et le télétravail « forcé » a mis en lumière que, pour survivre, une entreprise doit s’appuyer sur ses collaborateurs, leurs expertises mais surtout leur implication, leur envie d’innover et même de se réinventer.
L’engagement et l’implication ne se gagnent pas de manière autoritaire ! On ne peut donc pas forcer ses collaborateurs à changer de la sorte. En revanche, on peut par son propre comportement leur donner envie de changer, les inspirer.

Dis-moi, quels sont tes prochains défis personnels ?

Personnellement, en 2021, je souhaite me remettre au sport. Me motiver pour m’y remettre seule chez moi puisque que ce n’est pas possible actuellement en salle. C’est un vrai défi pour une fainéante comme moi !
Je viens aussi de découvrir le fit ballet. A tenter pour renouer avec la danse classique.

Professionnellement, réussir à mieux communiquer sur ce qu’est un coach Agile et son intérêt dans une entreprise. Je le prends comme un défi personnel.

Un coach agile n’est pas un gentil facilitateur d’atelier. Il n’est pas quelqu’un d’improductif, un « centre de coût ». En tant de crise et de restriction budgétaire, son impact est d’autant plus important et ce même si sa valeur n’est pas directement quantifiable en euros sonnants et trébuchants (si vous avez des idées, je prends !)

Quelle est ta phrase inspirante du moment ?

Je suis partie à la recherche d’une phrase inspirante sur le net pour faire un lien avec l’agilité ou alors avec le contexte de ce qu’on vit en ce début 2021.

Et finalement j’ai trouvé une citation de Jean d’Ormesson (auteur que j’appréciais) dont la fin de phrase a fait écho en moi par rapport à ma propre histoire et mon caractère : « Je pense qu’il faut être heureux en dépit de tout le reste. »

Qu’est-ce que tu lis actuellement ?

Je lis beaucoup. Actuellement je termine 2 livres. Côté perso : « A fleur de peau » de James Barnaby (Je suis fan de polar) et côté pro : « Stratégie modèle mental » de Philippe Silberzahn et Béatrice Rousset.

Ensuite ce sera le tour de « L’abbaye de Northanger » de Jane Austen. Je connais peu les classiques anglais mais je fais un concours avec ma fille qui, elle, le lit en langue originale – j’ai un autre défi perso, donc, améliorer mon anglais. Enfin, je suggère de lire « Le coaching avec la méthode appreciative inquiry » de Jean Pagès.

Pour les lecteurs de l’ Oeil de Coach, pourrais-tu nous livrer une anecdote insolite de ta vie professionnelle ?

Pas une anecdote insolite mais une habitude à laquelle je suis encore régulièrement confrontée, à regret. L’IT est loin d’être un domaine où les femmes sont nombreuses mais quand même ! Messieurs et mesdames, un peu d’attention, j’adore mon prénom : Pascale avec un « e » alors ne le masculinisez pas et ne me donnez pas du « Monsieur ».

J’aime mon métier que j’apprécie de l’exercer en tant que femme avec ma sensibilité propre. Il n’est pas si loin le temps où l’on m’a demandé de servir le café lors d’une réunion sans aucun doute car j’étais la seule femme autour de la table. Et, je ne parle pas de la demande régulière de prise de notes pour effectuer le compte-rendu ! ☺

L’interview est désormais terminée. As-tu quelque chose à rajouter ?

Je n’ai toujours pas compris pourquoi tu m’as demandé de répondre à ces questions. J’ai rencontré tellement de personnes bien plus compétentes et qui ont vécu tellement d’expériences plus intéressantes. Aie, mon syndrome de l’imposteur revient, je me tais ! 😉

Rien à ajouter. Un grand merci à toi Martial.

Merci Pascale pour ta franchise et ton humour.

Pour en savoir plus et rester en contact avec Pascale POTHIN – coach agile :
Linkedin : https://www.linkedin.com/in/pascalepothin/

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